Ducati 350 'coursifiEe'
polo la soupape
2010 - Dans les années ‘70, il y avait en Belgique la Coupe Ducati mise sur pied par l’importateur Vandenborre. Il y eut quelques saisons sur 350 mono, puis on passa sur twin. Je regardais avec envie les Nies, Vandenborre, Gierts rouler sur ces engins. Un jour peut-être …
Cela fait un bout de temps que je suis les courses de vieilles motos. Une ambiance de passionnés, un paddock bon enfant, des soirées arrosées et toujours le souci de la mécanique, du dernier truc qui fait gagner une seconde …
Le groupe de coureurs dans lequel sévit Mauro sur son 450 Ducati et son fils Olivier est pour cela exemplaire : on ne se prend pas le chou, le matos est de qualité, le bbq aussi et les soirées sont sans fin. Cela m'a redonné l'envie d'y participer.
Un pote de Bruxelles souhaitait se débarrasser d’une 350 « coursifée » dont il n’avait plus l’usage et qui trainait depuis un paquet d’années sous une bâche dans le fond d’un hangar. La brêle avait, disait-il, appartenu auparavant aux frères Vanneste, célèbres side-caristes des années ’70, ce qui était censé être un gage de qualité mais, renseignements pris, s'est révélé une belle intox. Je prends donc livraison de l’engin « en vue d’inventaire ». Après avoir potassé le manuel de restauration, rencontré quelques sages pleins de conseils, j'endosse ma salopette et commence à désosser l'engin. "Surprise ! Surprise !", vous connaissez ?
Pour une moto qui avait fait de la course, elle me réservait quelques surprises de taille : le piston était neuf de chez neuf, l’étiquette du prix est encore dessus ! La culasse desmo était naze : le conduit d’admission a tellement été alésé qu’il est fendu. La pipe d’admission – je ne vous dis pas la soudure genre compression de César – ne tenait que par la présence du Saint Esprit avec 0.5mm d’épaisseur. Le cylindre avait visiblement perdu quelques ailettes et le soudeur qui les a remis en place devait ne pas devoir du mal à trouver de l'alu tant il en a mis partout. La chemise était rayée, et, enfin, les trous de goujons ovalisés. Mais qu’est-ce qu’il a bien pu fabriquer avec cette moto qu'heureusement je n'avais pas encore payée ?
Une fois quelques photos prises, je montre tout çà à l’ancien proprio qui tombe des nues et me jure qu’il n’y pige que dalle, m’affirmant, certificat de baptême à l’appui, avoir bien roulé à Chimay en ‘86 ou ’87 avec cette moto. Le bruit des engrenages de son cerveau est à ce point assourdissant que je me dis qu’il a du y avoir quelque chose de pas catholique. Seul bénéfice à tout cela, le prix chute aussi. Et en surfant parmi les nombreux sites de pièces (repris sur ce site web), j'arrive à me faire une estimation de budget et de timing de réparation. Tout n'est en effet pas de stock, certaines pièces ne sont vendues qu'en mode 'échange', etc, etc ... et chaque personne à un avis différents sur ce-qui-va-bien :-). Dans le fond, j'ai passé plus de temps à me faire une raison qu'à acquérir les pièces.
Premiere démarche, après démontage, reprendre tout le poly, le poncer jusqu'à la moëlle et repeindre car tout était écaillé. Mon ami Mauro a eu la gentillesse de se proposer pour tenir le pistolet et c'est sur ses conseils que j'ai fait l'acquisition du matériel pour surfacer, mastiquer, préparer et peindre les surfaces. On pourra voir le résultat une fois les photos mises en cadres ci-dessous.
Dans le même temps, j'avais organisé une balade dans les Ardennes avec quelques Classiceux. Je raconte évidement mon aventure et un d'eux me dit : "tu sais, fieu, en fait je connais cette moto et je vais te dire une fois ce qu'il en est". Accrochez-vous, Zola is back. "Garçon, ouvrez la fenêtre ça sent l'astuce !"
Once upon a time, un concessionnaire flandrien avait demandé à l'ancien proprio la moto à prêter pour un week-end show-room. En réalité, il avait besoin d'une moto pour une course de week-end durant laquelle, on le devine, il a explosé le moulin. Il avait tenté de préparer rapidement le moteur en chipotant quelque peu, notamment en agrandissant encore l'admission et en bricolant 2 ou 3 trucs qui étaient censés améliorer les peformances du moteur. Hélàs, celui-ci n'a pas tenu la distance.
Il a tenté de réparer lui même mais, me dit toujours mon pote, il a cassé 2 ailettes en tentant d'enlever la culasse, fait ressouder à la-va-vite, mis un piston neuf en remplacement du Borgo-HC qui était dedans, et le tout à l'avenant et à l'insu du plein gré de l'ancien proprio à qui il a remis la bécane sans rien dire. 10 ans après, le pot aux roses est découvert mais tout le monde a perdu ... la mémoire. On voudrait inventer un scénario débile qu'on ne s'y prendrait pas autrement ! Je ne vous raconte pas la tête du proprio quand je lui expliqué le feuilleton.
Bref, je vous passe les détails et après de multiples rebondisements, la brêle a été repeinte, le moteur démonté, équipé et remonté correctement, une culasse non desmo préparée y a été mise, un allumage électrnique Sachse, un bon aac ... Elle était prête à faire pèter (enfin, on se comprend) le moulin.
Ceci dit, les travaux de cette restauration m'ont, à vrai dire, laissé un arrière goût mitigé. Le marché du mono – et singulièrement du mono de course – est peuplé d'un paquet de gens dont l’unique objectif est de se faire un max de blé. La même pièce achetées ici ou là voit son prix multiplié par 2 pour des raisons que je ne m'explique toujours pas.
Mais, comme dans les contes de fées, l'histoire se termine bien et la moto entame en 2015 sa 5è saison, après avoir coulé 2 pistons, 3 soupapes et amélioré diverses bricoles - dont le frein - en vue d'une meilleure fiabilité.
Polo